Article du carnet de bord

De retour de Saint-Petersbourg

Des Ailes au musée...

Elles avaient de jolis noms, nos guides…

Xenia, Albina, Macha : ces (très jolies) jeunes filles russes au service de la biennale Manifesta nous ont donné des clés et ouvert des portes sur l’art contemporain à Saint-Pétersbourg. Sans oublier les jeunes filles au parapluie orange prêtes à vous aider dans la ville.

 

 

 Après une prise de contact avec la ville elle-même à partir de la perspective Nevsky qui en structure l’espace, rendez-vous pour Manifesta à l’Etat-Major : ce bâtiment qui fait face au Palais d’Hiver/Musée de l’Ermitage vient d’être rénové pour abriter les expositions temporaires du grand musée, en l’occurrence la majeure partie de l’exposition Manifesta.

 Xenia nous a conduits à travers le parcours et les étages et en français, portant un regard renouvelé sur des travaux d’artistes inconnus en Russie comme Erik van Lieshout (un travail avec les chats des caves de l’Ermitage !) ou Thomas Hirschhorn : ce dernier semble ne pas avoir eu l’occasion d’intégrer un aspect social comme il le fait d’habitude, et a pris le parti d’une destruction massive d’un pan de ce bâtiment de l’Etat-major. Xenia nous a aussi parlé de sa vie d’étudiante et des fromages français qu’elle adore et qu’elle regrette de ne pas trouver en Russie aujourd’hui…

Dès le premier soir, quelques-uns parmi nous avaient rencontré de jeunes saint-pétersbourgeois au café à proximité de l’hôtel ; Michael (qui lui aussi parlait remarquablement bien le français) nous avait parlé d’autres actions de Manifesta qui ont ouvert une fenêtre sur des artistes russes « alternatifs » ; ainsi un groupe investit Art Apartment, un espace où vit un couple d’artistes et héberge des accrochages d’artistes amis.

 

 

Pour Manifesta, les fins de semaine sont affectés à la présentation de travaux d’artistes différents à chaque fois ; ainsi, nous avons pu rencontrer Igors qui présentait des vidéos drôles et provocantes à la fois. Mais bientôt peut-être les poitevins pourront juger sur pièces, un de ces films sera sans doute diffusé dans la Vitrine…

  A l’occasion de cette présentation, le collectif à l’origine de cet espace donnait une lecture ; heureusement, la jolie Albina d’origine tatare qui parlait français et la blonde Macha anglophone traduisaient toutes ces conversations !

Egalement promus par Manifesta, d’autres lieux alternatifs comme le centre d’art Pouchkinskaya qui semble se consacrer maintenant surtout à la musique, ou Taïga ou encore Etagi, qui s’étend sur 5 niveaux : boutiques de créateurs, galeries d’expositions (financées avec l’aide de sociétés marchandes), et surtout roof top bar où il fait bon se dorer au soleil ; le tout dans un ensemble qui conserve son aspect alternatif.

 Le Musée de l’Ermitage accueillait aussi des travaux d’artistes de Manifesta en regard des chefs d’œuvre du patrimoine : quelques pièces de Louise Bourgeois – dessins mis en parallèle de gravures de Piranèse -au bout des salles d’égyptologie, de Gerhard Richter ou de Beuys, et d’artistes actuels, comme Francis Alÿs et sa Lada fracassée contre un platane dans la cour même du prestigieux musée. Certes, même sans Manifesta, la visite de l’Ermitage est incontournable : presqu’aussi grand que le Louvre, ce fabuleux musée renferme des collections allant de l’antiquité à l’époque moderne, Picasso et autres, mais pour le moment dans des conditions d’accès aux œuvres difficiles (mauvais éclairage entre autres) ; il a d’ailleurs entrepris une restructuration en transférant la trentaine de peintures de Matisse dans le bâtiment de l’Etat-major qui à terme accueillera l’ensemble des œuvres du 20ème siècle.

Sur l’autre rive de la Neva face à l’Ermitage se tient une exposition consacrée aux jeunes artistes russes actuels dans le cadre de Manifesta ; les locaux sont déjà époustouflants, il s’agit d’une ancienne école de cadets affectée à l’Ecole des Beaux-arts et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a de l’espace !

 

 

Au-delà se trouve le musée Erarta, musée privé d’art contemporain : sur trois niveaux se déroule un panorama de l’art russe contemporain, d’un côté dans la collection permanente et de l’autre au sein des expositions temporaires.

Et puis bien sûr, il y avait Saint-Pétersbourg, ses palais, ses églises, la maison de Pouchkine et celle de Dostoievski, ses promenades en bateau sur les canaux au gré des ponts levants…

 

Le temps mitigé a favorisé les balades, le plus souvent nous étions dans les musées quand il pleuvait ! Beaucoup de couleurs pastel de l’architecture des 18ème et 19ème siècles, contrastant avec la grisaille des banlieues, peu de constructions récentes.

 Certains ont assisté à des représentations d’opéras ou de ballet dont la qualité ne se dément pas ; mais toujours une ambiance décontractée et bon enfant des familles qui envahissent la forteresse Pierre-et-Paul pour leurs promenades dominicales et leurs sorties plage et bronzage, ou des gamins et des ados qui escaladent les chars sur le parvis du palais d’hiver à l’occasion de la fête du drapeau !