Article du carnet de bord

Canicule méridionale

Avignon 2018

Canicule à Avignon, quoi de plus normal en juillet…

Cette année encore, les festivaliers ont fait un séjour riche de soleil et de surprises en tout genre ! La question du genre était d’ailleurs un fil rouge de la programmation du festival sans pour autant obérer la diversité de la création actuelle.

 

Grandes émotions comme le plus souvent dans la Cour d’Honneur, avec dans un premier temps Thyeste, tragédie peu connue de Sénèque mise en scène par Thomas JOLLY ; pour la plupart l’événement du festival qui a suscité bien des débats, l’occasion aussi de s’apercevoir que le spectateur participe aussi de la création du spectacle et réagit différemment selon sa position dans l’espace, son angle de vision, la distance au plateau… Pour certains, l’impressionnant décor posé sur le plateau occupait trop l’espace, pour d’autres placés plus haut le rapport avec le mur de la cour qui était utilisé dans la mise en scène était plus équitable et laissait toute sa place au texte et au récit.

Pur présent, réalisé par Olivier PY, responsable du festival mais avant tout homme de théâtre, a aussi été apprécié de nos festivaliers, tandis que Kreatur de la chorégraphe Sasha WALTZ a un peu déçu leur attente.

Avec à la fois une grande franchise et beaucoup de retenue, les personnages de Trans (Més enllà) posaient la question du genre dans ce spectacle que Didier RUIZ a voulu à la fois création et dénonciation ; propos en tout cas plus lisible que celui de Mama de l’égyptien Ahmed EL ATTAR qui en a décontenancé plus d’un. Suite à un problème de santé d'une chanteuse, les Filles des Egyptiennes ont été remplacées au pied levé par Souad ASLA qui dans ce spectacle Lemma a rassemblé autour d’elle des femmes algériennes soucieuses de restaurer la tradition musicale et orale de l’Ouest saharien : un témoignage rare et émouvant de l’engagement de ces femmes. Ivo VAN HOVE, directeur du Tonelgroep d’Amsterdam, a mis en scène un texte d’un auteur néerlandais méconnu Louis Couperus, Les choses qui passent, dont on a pu mesurer l’actualité avec une mise en scène particulièrement sobre et dépouillée.

Raimund HOGHE présentait deux pièces en Avignon, des portraits-hommages dont il est coutumier, l’un dédié à Maria Callas, l’autre à Ornella Balestra, danseuse de Maurice Béjart ; le minimalisme de ses chorégraphies est heureusement compensé par l’émotion que suscitent les personnages évoqués.

Nos festivaliers ont aussi profité bien sur des manifestations organisées en marge de la programmation officielle : rencontres, lectures de France-Culture et de RFI, ateliers de la pensée… Au point que certains ont été cette année encore déçus par le spectacle de clôture, divertissement peu représentatif de l’atmosphère de réflexion et de brassage d’idées que dégage le Festival !

   

Il y a aussi le festival Avignon/off, où il est difficile de se frayer un chemin parmi les 1550 spectacles présentés : à noter Sentinelles, Ce qui demeure, Badbug, la reprise de La Violence des riches... ; et les expositions ! A Avignon même, la collection Lambert où nous avons retrouvé avec plaisir la pièce de Claude LEVEQUE J'ai rêvé d'un autre monde, l’exposition MORELLETt au Musée Angladon, Mirabilis mise en scène par Christian LACROIX au Palais des Papes...

Surtout les Rencontres photographiques d’Arles,  où de nouveaux lieux ont remplacé une partie des Ateliers SNCF avec l’avantage d’être plus tempérés ! De grandes figures (J.E. Atwood, Robert  Franck, Depardon, W. Wegman…), et des découvertes comme les photographies de Mathieu RICARD installées dans un pavillon monumental éphémère en bambou spécialement conçu à cet effet. En complément, les expositions présentées par la Fondation Luma – dont le Centre en cours d’édification conçu par Franck Gehry s’élève vers le ciel -, comme la grande rétrospective GILBERT & GEORGES, ou l'installation de Pipilotti RIST Pixel Forest, un peu décevante malgré la technologie utilisée ; et toujours au travers des ruelles arlésiennes, des collages d’images souvent poétiques.

       

Nos amateurs n’ont pas manqué non plus la Villa Datris à lL’Isle/Sorgue,  oasis de fraicheur non loin d’Avignon, qui pour cet été a réuni dans ses agréables espaces une centaine d’œuvres pour l’exposition Tissage-tressage, quand la sculpture défile : nous y avons retrouvé Sheila HICKS, EL ANATSUI ou Joana VASCONCELOS, découvert la poitevine Cécile DACHARY ou la royannaise YZO.

       

Chacun gardera de son séjour en Provence de chaleureux souvenirs !