Vitrine

« Mes Colonies, Gargouille » d’Harald FERNAGU en Vitrine

Période: 

d'avril à juillet

Technique mixte : Coquillages, peinture noire sur structure métallique, couvercle de boîte à offrande orné d’une figure de gardien - origine inconnue - Afrique.

Cette sculpture est présentée dans le cadre de l’exposition La révolte des Apfourous, Galerie Louise-Michel 25 rue Edith Piaf  86000 Poitiers, du 11 Avril au 13 Juillet, du mercredi au dimanche de 14h à 18h30.

Inauguration jeudi 11 avril à 18h à la Galerie Louise-Michel

Harald FERNAGU, né à Cherbourg, vit et travaille à Mirebeau et à Paris. C’est en rencontrant des individus, des situations sociales ou politiques particulières, directement liées à mon présent, que je ressens le mieux mon besoin de créer, d’exprimer, d’interroger…

Au-delà de la figure ailée centrale,  clin d’œil aux Ailes du désir qui l’invitent dans la Vitrine, la pièce exposée témoigne de cette attention à l’autre, de ce désir de dialogue et des interrogations qu’il suscite :

Plus de 99 % des objets cultuels Africains des 19 et 20 èmes siècles sont possédés par les occidentaux. Leur acquisition a été souvent douteuse. Les ethnologues, les explorateurs, le clergé, les colons, les militaires coloniaux et bien sûr nos musées et les collectionneurs ont volé une grande partie des objets de culte Africains ou ont contraint, soudoyé des Africains, de leur céder ce patrimoine. Aujourd’hui les jeunes Africains de moins de trente ans, quel que soit leur pays, n’ont quasi aucune chance de voir ou d’avoir vu un objet ancien provenant de leur culture. Ces objets sont devenus le symbole de  notre captation culturelle de la mondialité et de notre obsession conservatoire. La colonisation a tenté d’effacer le passé cultuel et culturel de l’Afrique, la faire entrer dans notre modernité, pour la rattacher à la seule histoire à laquelle nous croyons : la nôtre. Mais si l’Afrique a, de fait, intégré notre généalogie, c’est au seul titre du potentiel de matière première qu’elle possède; les hommes eux, déconsidérés, sont juste une main d’œuvre bon marché ou de la chair à canon. Mais le monde à cet égard est en train de changer, sans nous. Arc-boutés sur nos frontières, trop peu conscients que notre pensée est toujours sous l’influence de la culture coloniale, nous n’envisageons l’autre que dans le miroir de ce que nous sommes : des colonisateurs. Notre culture conservatoire n’a plus de rituels, de continents à conquérir pour nourrir sa continuité. Nous préservons, archivons les images, les étiquettes de ce que nous croyons être. Nos archives ressemblent à des selfies, nous ne gardons que ce qui nous met en valeur et effaçons le reste. Se décoloniser, c’est accepter l’histoire pour ce qu’elle est ou a été, en assumer la filiation pour en comprendre les incidences et qui nous sommes aujourd’hui. Se décoloniser c’est entrevoir l’avenir.

En intervenant sur des objets Africains je tente de les réveiller du silence des étagères sur lesquelles nous les avons placés pour les réactiver. Je travaille en contradiction avec nos usages coloniaux ou conservatoires, mais en lien permanent avec leur origine. Quand les objets sont précieux, historiquement, je préserve leur intégrité ; mais le plus souvent je travaille avec des copies touristiques de ces objets. Je tente de décoloniser leur image en les colonisant de milliers de petits coquillages, collés un à un.

Dans la sculpture, Mes colonies, gargouille, je crée un dialogue entre la culture de la gargouille et l’objet Africain. Dans la pratique, la gargouille et le gardien servaient tous deux à repousser les mauvais esprits. En rapprochant plastiquement cet objet de nos représentations culturelles, j’interroge notre passé, notre présent, le leur, le nôtre, et crée un objet commun. Harald Fernagu

haraldfernagu.com

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